l'inter[VIE]w - épisode 8/10 - Pierre - Pays-Bas
“ C’est un moyen direct de rentrer dans une entreprise après le diplôme, de manière assez progressive et de pouvoir faire des choses qu’on ne ferait pas forcément en France en sortie d’études "
Q : Hello Pierre, merci d’avoir accepté mon
invitation. Peut-on en savoir plus sur toi et sur comment tu es arrivé à
Amsterdam ?
P : J’ai commencé par une licence de droit à
l’université de Saint Quentin en Yvelines, et ensuite j’ai fait un master en école de commerce, à
Neoma BS, avec des premiers stages dans la banque. J’ai toujours eu une passion
pour la politique, donc après mon diplôme je me suis dit « allons à
l’Assemblée Nationale ». J’ai donc été Assistant Parlementaire pour une
députée, et j’y suis resté 2 ans.
Ensuite je suis parti en VIE, pour la Société Générale, à
Amsterdam aux Pays-Bas. Je rêvais d’aller en Suède ou aux Pays-Bas, donc dès
que j’ai vu l’offre pour la Société Générale j’ai postulé. J’ai postulé de
manière normale : j’ai vu l’offre sur civiweb (anciennement https://mon-vie-via.businessfrance.fr/).
J’ai été rappelé un mois plus tard pour un entretien. J’ai accepté l’offre fin
avril 2019 pour un départ début juin 2019.
Q : Te rappelles-tu comment tu as découvert le
VIE ?
P : Je connaissais déjà le VIE car j’ai été à
l’étranger et j’en ai entendu parler. Et aussi car j’ai dans ma famille
quelques personnes qui sont elles-mêmes parties en VIE, notamment en Allemagne
et en Espagne. Il y a quelques années déjà, c’était une belle passerelle, un
moyen direct de rentrer dans une entreprise après le diplôme, de manière assez
progressive et de faire des choses qu’on ne ferait pas forcément en France en
sortie d’études. En plus, les conditions sont assez privilégiées. Le VIE n’est
pas vu comme un stagiaire, mais en même temps, on a plus le droit à l’erreur,
et on apprend encore un métier.
Q : Pourquoi cette attirance pour les pays
nordiques ?
P : J’avais déjà fait un stage de 2 mois aux Pays-Bas
il y a 5 ans. Les Pays-Bas sont un pays très sympa, avec un cadre de vie
indéniable, avec 125 volontaires en moyenne dans le pays chaque année.
Lorsque j’étais à l’Assemblée Nationale, mes collègues
étaient des amis et je les voyais régulièrement en dehors. Là aux Pays-Bas
c’est un cadre plus différent. Je suis quelqu’un de base assez affectif. Ces
deux ans m’ont permis de faire une plus grande séparation entre la vie pro et
la vie perso, ce que je ne faisais sûrement pas auparavant, en tout cas pas
autant. Ça m’a aussi appris sur moi personnellement, sur ce que je voulais
faire ensuite.
Q : Tu as donc passé 2 ans à Amsterdam. Quelles
étaient tes missions ?
Mon activité consiste à travailler pour différents pays
puisque je m’occupe de la zone France, Pays-Bas et les pays nordiques. Mes
missions me permettent d’avoir des interlocuteurs qui viennent de partout :
Pologne, Inde, Pays-Bas forcément, France, pays nordiques… C’est très sympa et
formateur de baigner dans ce cadre.
J’ai eu la chance d’avoir un top manager, qui m’a énormément
apporté, quelqu’un de très intéressant. Je suis donc dans un cadre parfait et
qui me plaît vraiment.
Q : Que faisais-tu en dehors de ton travail ?
P : J’étais pas mal investi dans des associations
notamment en France, comme les anciens élèves de mon école et j’ai continué cet
investissement même physiquement plus loin. Zoom est un très bon outil et ça
m’a permis de prolonger les échanges. Il ne faut pas hésiter à s’investir dans
d’autres projets que l’on soit en VIE ou pas d’ailleurs.
Q : Le VIE ne t’a donc pas apporté que
professionnellement. L’apport personnel a été tout aussi important.
P : Non ce ne sont pas que des apports professionnels.
L’éloignement physique joue aussi beaucoup dans nos relations personnelles. Ça
m’a aussi permis de voyager : Suède, Angleterre, Espagne, et partir le
week-end découvrir tous les Pays-Bas : La Haye, Rotterdam… Par exemple, à
l’Assemblée Nationale j’envoyais des lettres de deux pages, pour ne pas
heurter, ne pas blesser. Là j’ai appris à envoyer des mails de 3 lignes parce
qu’il faut être direct, il ne faut pas tourner autour du pot. Ici les choses
sont dites de manière très franche sans pour autant être blessante.
Q : Toi qui es sur la fin de ton VIE, tu as eu la
chance de connaître l’avant, le pendant et l’après covid. Penses-tu que cette
crise va changer la manière d’appréhender le VIE ?
P : Bonne question… Chez mon employeur il n’y avait pas
forcément besoin de régir tout cela. Au Pays-Bas le regard sur le travail est
différent, sans pour autant que ce soit négatif : le temps partiel, les
80% notamment, le télétravail qui sont plus communs et utilisés qu’en France,
le présentéisme qui n’existe pas ici. Ici les choses se sont faites assez
facilement en y repensant.
Q : Il te reste quelques semaines avant la fin de
ton VIE, comment vois-tu l’après ? Retour en France ? Poursuite aux
Pays-Bas ? Envol vers un autre pays ?
P : Si je peux rester dans cette entreprise, à Paris ce
serait l’idéal. Aujourd’hui il n’y a pas d’opportunités dans mon équipe aux
Pays-Bas. J’ai très bien vécu le confinement mais là j’ai envie de rentrer en
France. Pourquoi pas retourner à l’étranger par la suite !
J’ai maintenant vocation à rentrer en France, parce qu’il
n’y a pas forcément d’opportunités localement. Si je peux rester au sein du
Groupe j’en serai ravi, mais si je peux aller ailleurs j’irai ailleurs.
“ Dans tous les cas il faut le faire, il faut foncer.
C’est une expérience très enrichissante, très formatrice que je recommanderai à tout le monde "
Q : Un conseil aux futurs VIE ?
P : Je pense qu’il ne faut pas du tout hésiter à faire
un VIE. Quelques personnes peuvent se dire « tentons les pays
anglo-saxons, comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis », mais c’est
compliqué avec le covid et le Brexit et les règles strictes des USA concernant
les VIE notamment. Il ne faut pas hésiter à vouloir découvrir d’autres pays,
qui parlent très bien l’anglais aussi, comme la Suède, l’Allemagne etc. Dans
tous les cas il faut le faire, il faut foncer. C’est une expérience très
enrichissante, très formatrice que je recommanderai à tout le monde. Je suis
très heureux d’avoir pu faire cette expérience.
Q : As-tu une anecdote sur les Néerlandais à nous
partager ?
P : Je me rappelle une fois, quand je suis arrivé aux
Pays-Bas. J’avais une équipe composée de filles, où chacun avait apporté son
déjeuner. Tout le monde portait donc son sac et je leur avais tenu la porte,
comme tout bon Français, un peu galant, aurait fait (rires). Elles m’ont dit
« tu es Français, on sait que tu veux être galant, mais ce n’est pas parce
que l’on est des femmes que l’on n’est pas capable de tenir la porte ».
J’étais gêné, même attristé, j’ai eu peur de les avoir froissées. Mais quand
j’y ai réfléchi, j’ai compris que c’est un rapport aux choses, une approche
différente de celle des Français. On se rend compte qu’en France on est
beaucoup plus latin, alors qu’ici les choses sont faites avec peut-être moins
d’empathie, moins de chaleur. Attention, ça ne veut pas dire que c’est moins
bien, c’est juste une culture différente. On peut observer une certaine
sobriété chez les Néerlandais, mais pas austère non plus, ce qui explique que
le rapport aux autres, aux bien n’est pas la même que chez nous.
C’est un regard intéressant aussi sur le pays, au-delà de ce
que j’ai pu apprendre au cœur d’un métier. C’est ce qui m’a beaucoup plu.
Q : Rétrospectivement, que retiens-tu de ces 2
années ?
P : J’en garde un excellent souvenir. J’ai plus appris
durant ces deux ans sur moi-même qu’en 10 ans je pense (rires).
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